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Gloria : le suivi de la tempête par l'ObsCat
Dans le cadre de ses missions, l'ObsCat apporte aux collectivités une expertise sur les tempêtes et leurs effets. En collaboration avec le réseau tempête Occitanie (projet DREAL Occitanie et BRGM), les réseaux de mesures in-situ, la veille sur des sites de météo-marine et sur de terrain, il est possible de prévoir l'arrivée des tempêtes sur le littoral, récolter certaines données pendant et après l'évènement. Autour du 22 janvier 2020 la tempête Gloria a fait l'objet d'une surveillance particulière.
Sources : www.lachainemeteo.com et fr.euronews.com
Avant la tempête :
La prévision de houle au large calculée pour chaque bouée houlographique du Golfe du Lion, Espiguette, Sète, Leucate et Banyuls est relayée par le Réseau tempête Occitanie vers ses membres dès lors que sa hauteur significative atteint ou dépasse les 3 mètres. Ce paramètre statistique est calculé pour chaque bouée en effectuant la moyenne du tiers des plus hautes vagues d'une série prédite. Quand les prévisionnistes parlent de hauteur de vague il ne s'agit pas de la hauteur des vagues qui déferlent à la côte mais bien de la hauteur de la "houle significative" mesurée au large.
Pour l'ObsCat on surveille 2 bouées houlographiques : l'une à Leucate et l'autre à Banyuls pour laquelle a été enregistrée une vague de 11,3 mètres lors du passage de Gloria ! L'IFREMER se sert des données prédites pour produire des cartes et des graphiques de prévision et d'observation. Cela permet de comprendre facilement l'ampleur du phénomène à venir par la hauteur des vagues et leur direction.
Sur la côte catalane ce dernier paramètre est important car les tempêtes agiront différemment d'un secteur à l'autre en fonction de celui-ci. Une tempête venant de l'Est, comme Gloria amènera des vagues plus hautes sur le Sud, notamment sur la côte rocheuse car leur orientation va leur permettre de pénétrer dans les plages de poche. Ce flux d'Est est également porteur d'humidité car il traverse une large surface en eau, ce qui induit de fortes précipitations pluvieuses ou neigeuses et des crues potentiellement importantes qui auront du mal à s'évacuer par les embouchures des fleuves en raison d'une forte houle. C'est ce que l'on appelle la "conjonction des aléas" qui intensifie le risque pour la population et les aménagements. En revanche les tempêtes de Sud-Est impacteront plutôt la côte sableuse et plus particulièrement les points situés en aval dérive des ports (Sardinal et Miramars par exemple) comme en Mars 2018.
Sources : marc.ifremer.fr et data.shom.fr
Pendant cette veille, d'autres "forçages" sont également étudiés : le niveau marin, mesuré par des marégraphes situés dans les ports, qui dépend lui même de la pression atmosphérique. Plus la pression atmosphérique est basse plus le niveau marin peut s'élever (surcote marine liée à la dépression) et amener les vagues à déferler plus près des côtes et atteindre plus aisément les hauts de plage, la dune et/ou les enjeux urbains.
Ces données sont mises à disposition par le SHOM. La force du vent a également son importance car il contribue à former la houle, à pousser les masses d'eau à la côte. Cette veille avant la tempête permet aussi d'estimer sa durée et donc son impact potentiel.
Pendant la tempête :
La veille météo-marine se poursuit tout au long de l'évènement. Elle est complétée par des visites sur le terrain par les plus curieux (et prudents !) afin de capturer des images de l'évènement. Les images prises pendant le pic de houle de la tempête Gloria sont disponibles en ligne, comme ici au Racou par exemple.
Les webcams de l'ObsCat (prestataire Casagec) disposées au Barcarès (exemples en photo ci-dessous, entre le 20 et le 24 Janvier 2020), à Leucate et prochainement à Argelès-sur-mer (Racou) permettent également de récolter des données en continu sur la position du trait de côte et la zone de déferlement liée aux mouvement des barres d'avant côte. Tempête après tempête il est possible de reconstituer précisément l'évolution de la largeur de plage émergée. L'analyse des tempêtes passées à partir des images de la caméra du Barcarès sont disponibles dans les rapports d'expertises de l'ObsCat et un résumé des résultats est accessible dans les fiches de synthèse.
Après la tempête :
La veille météo-marine et le travail de terrain se poursuivent. Après les données qualitatives il s'agit maintenant de récolter des données quantitatives. Ainsi le 25 janvier 2020, juste après le passage de la tempête Gloria l'ObsCat a réalisé un survol photogrammétrique du littoral. Les équipes du BRGM et d'Ecocéanodrone ont pu organiser cette campagne de mesures qui permet d'obtenir la position du trait de côte, une photo aérienne haute résolution et l'altitude des plages émergées.
C'est le second survol photogrammétrique de type "post-tempête" qui est réalisé dans le cadre ObsCat, la méthode et les premiers résultats suite à la tempête de Mars 2018 sont publiés ici.
Très rapidement il est possible de tirer des images de cette campagne aérienne, et dans un second temps, moyennant un travail de traitement conséquent, des données géoréférencées comme le relief hérité de la tempête. Cela révèlera les points de faiblesse du littoral, la limite de la submersion grâce à la laisse de mer, les zones ensablées, les falaises dunaires etc.
Au fur et à mesure de l'acquisition de données sur le long terme il est possible de qualifier l'impacts des tempêtes, leur pouvoir destructeur ou constructeur sur le système plage-dune et d'évaluer la capacité du milieu à revenir à un état d'équilibre. Ces tempêtes, tout comme les crues qui souvent les accompagnent, peuvent constituer des points de ruptures dans les séries de données pluri-annuelles.
Juste après la tempête, et les jours qui suivent la tempête, l'ObsCat se déplace sur le terrain pour compléter la base de données photos et suivre plus précisément les points référencés. Il s'agit de points de prise de vue positionnés exactement au même endroit, avec le même cadrage pour faciliter la comparaison et détecter les changements dans le temps. Suite à la tempête Gloria quelques photos permettent de révéler les premiers impacts.
Une analyse qualitative "à chaud", juste après cet évènement permet un premier constat rapide visuel. Ce suivi montre des différences dans l'impact de la tempête Gloria à la côte selon les secteurs. Les dégâts constatés juste après la tempête, ici le 24/01/2020, seront confirmés ou infirmés par les données quantitatives mais également étudiés dans le temps. Les pertes ou les apports de sable apparents resteront-ils les mêmes après une semaine, un mois ou une saison ? C'est l'intérêt des suivis de routine saisonniers, annuels et pluri-annuels menés par l'ObsCat.
Au Racou à Argelès-sur-mer on observe un départ de sable conséquent sur la plage émergée, l'orientation de la houle franchement Est parait avoir plus impacté cette extrémité Sud de l'unité sédimentaire.
A Saint-Cyprien, au droit du boulodrome, l'épaisseur de sable à la base des ganivelles est plus importante qu'en période de beau temps, les houles de tempête ont amené du sable dans ce secteur. Hormis une laisse de mer marquée d'un fort apport de bois flottés et de déchets, l'impact sur la plage émergée n'est pas flagrant d'un point de vue morphologique.
A Canet nord, la plage du Sardinal est toujours très impactée par les tempêtes, il en résulte une dune taillée en falaise sur un linéaire important. Toutefois lors de Gloria le bourrelet sableux installé suite à la brèche formée en 2018 (tempête du 01/03/2018) a résisté et a contribué à la protection du pôle nautique. Cette dune artificielle tout comme le cordon dunaire originel a tout de même été largement sapée par les houles de tempête.
A Sainte-Marie centre, la situation est similaire à celle de Saint-Cyprien : même en aval dérive de la batterie d'ouvrages lourds, la plage émergée parait peu impactée par la tempête Gloria. Ces plages artificiellement fixées sont toutefois très régulièrement rechargées et présentent ainsi un fonctionnement perturbé.
A Torreilles centre la tempête Gloria parait avoir amené du sable en haut de plage. Ce secteur de la commune présente une plage émergée particulièrement étroite car la position du trait de côte recule peu à peu. En revanche, le coup de mer d'octobre 2019 parait avoir été plus impactant pour le stock sédimentaire en place.
Au Barcarès la plage des Miramars particulièrement touchée par la tempête de Mars 2018 semble avoir dissipé l'énergie des houles de Gloria. Dans ce secteur sensible les données de la webcam et de la photogrammétrie amèneront des informations sur les mouvements sédimentaires et la réponse des ouvrages de protection.
Au village naturiste de Leucate, les impacts sont différents en fonction des secteurs. Près du grau des conchyliculteurs la mer reste encore haute et bute sur l'ouvrage de protection.