Les plages catalanes s’adaptent depuis la mission Racine

L’actualité de la COP26 a rappelé l’urgence à gérer différemment les territoires littoraux. La mer monte. Elle grignote peu à peu la terre où se concentrent les Hommes et leurs activités depuis la mission interministérielle d'aménagement du littoral du Languedoc-Roussillon (dite mission Racine).

 

 

 

Déambuler sur le littoral sans se mouiller les pieds est un vrai défi après une tempête. La gymnastique consiste à vérifier où l’on marche tout en gardant un œil sur les vagues qui continuent à déferler. Le vent a tourné, le soleil réapparait mais la mer bouillonne encore.

Cet état de mer forte est pour l’instant temporaire. C’est l’évolution saisonnière du littoral sableux. Quelques fois par an, la mer se déchaine et inonde les baladoirs, les trottoirs, parfois les caves ou même les rez-de-chaussée. La faute aux effets du changement climatique ? Oui, mais pas seulement. 

Le sable n'arrive plus sur les plages

Les cours d’eau et le littoral sont étroitement liés ; on peut parler d’« effet papillon ». Ce que l’on modifie au sud de la côte catalane a des répercussions au nord. Ce que l’on modifie en moyenne montagne a des répercussions en plaine. 

Pour construire les stations balnéaires de la mission Racine, 4 millions de mètres cubes de sédiment ont été prélevés dans le Tech en 30 ans (SMIGATA). C’est équivalent à 400 ans d’apports par le transit naturel. Ce volume est aujourd’hui emprisonné sous les immeubles et le bitume des routes. Irrécupérable. Pour gérer d’autres problèmes liés aux crues et au besoin d’irrigation, des barrages ont été construits sur la Têt et l’Agly. Ils remplissent leur rôle mais piègent du sable. L’artificialisation des bassins versants dans leur ensemble, le déclin agricole et la restauration des berges ont également contribué à appauvrir cette circulation du sable de l’amont vers l’aval. Les grains de sable qui parviennent à atteindre les plages sont transportés au gré des courants mais parfois bloqués là où ils sont inutiles. 

Le niveau marin s'élève lentement mais sûrement

Les observations et modélisations du GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'évolution du Climat) se vérifient en Méditerranée. L’élévation du niveau marin n’arrange pas la situation des plages du Roussillon. On estime cette élévation à 30 cm d’ici à 2050. Le sable prélevé dans le passé serait grandement utile pour atténuer les effets du changement climatique. Mais on ne peut pas inventer de « nouveau sable », seulement le déplacer d’un endroit à l’autre comme un pansement temporaire. D’après Nicolas Robin, chercheur en morpho-dynamique côtière à l’Université de Perpignan, « l’élévation du niveau marin est le deuxième choc que l’on va subir». La seule solution est de s’adapter. Faire l’effort de comprendre les fonctionnements, de se connecter à l’environnement littoral. 

Les habitudes de vie sur le littoral vont changer avec leur environnement

Les plages et les dunes bougent naturellement, c’est ce que l’on appelle la « résilience ». Le littoral sableux peut reculer au gré des houles et du niveau marin sans perdre sa surface. Sauf si on l’en empêche par des constructions fixes. Ainsi sur les stations balnéaires du Roussillon, il faudra choisir entre profiter collectivement des plages ou profiter individuellement de propriétés privées vue sur mer. Evidemment les ingrédients du changement ne se résument pas à quelques grains de sable et un niveau d’eau. Il faut y ajouter des canicules et une raréfaction de la ressource en eau potable. C'est ce cocktail qui guidera l’action publique des prochaines décennies. 

Source utilisées : SMIGATA, SMTBV, SMBVA, UPVD, BRGM. Pour citer cet article merci de préciser "ObsCat - 2021"