Analyse de l'évolution du trait de côte entre Argelès-sur-Mer et Leucate de 1895 à 2023

Pour le compte des partenaires de l’ObsCat, l’UPVD a livré une étude intitulée "Analyse de l'évolution du trait de côte entre Argelès-sur-Mer et Leucate de 1895 à 2023 à partir de données historiques et d'images satellites".

 

 

 

En effet, le cycle 4 de l’ObsCat (2023-2026) doit contribuer à compléter les suivis réguliers par des expertises à plus long terme pour reconstruire le passé et anticiper les changements à venir.

 

 

Les objectifs de cette étude sont : 

  • Disposer de l’indicateur « évolution de la position du trait de côte » (avancée ou recul) à une échelle pluri-décennale et le mettre en relation avec des évènements météo-marins ou des transformations anthropiques. 
  • En déduire les variations de largeur de plage, c’est un indicateur complémentaire à l’évolution des stocks sableux. 
  • Mieux comprendre les fonctionnements actuels.
  • Fournir des éléments précieux pour adapter notre façon de gérer l’interface terre-mer.

Les données ont été exploitées selon la méthode suivante : 

- Mesure de la position du trait de côte :

1895, 1935 et 1962 : archives précédemment exploitées dans les études régionales (images IGN et bathymétrie SHOM). À partir de 1984 : images satellites LandSat 5, 7, 8, 9 et Sentinel-2 avec le logiciel Coastsat.

Précision : 7 à 12 m depuis 2015. Analyse sur plus de 400 profils entre le Racou et le Cap Leucate. 

- Intégration des dates de rechargements/extractions et d’installation d’ouvrages lourds : base de données DDTM 66 complétée par les informations remontées vers l’ObsCat . 

- Intégration de l’historique des tempêtes (Météo France).

Les résultats complets de l’étude sont disponibles dans le rapport en ligne.

En synthèse, sur la période globale 1895-2023, on observe une avancée généralisée du trait de côte sauf sur les plages de Leucate nord (Leucate naturistes et Leucate plage), Le Barcarès nord du port (Miramars, Mas de l’Isle, Lydia), Sainte-Marie-la-mer, Saint-Cyprien Sud et Argelès Racou.

Les tendances sont différentes entre la période 1895-1962 et 1962-2023. Il semble que certaines zones ont commencé à reculer après la mise en place d’ouvrages lourds : 

  • Sud des épis de Saint-Cyprien (cellule 4) 
  • Cellule Canet-en-Roussillon (cellule 6) 
  • Sud de la cellule Saint-Cyprien nord (cellule 5) 
  • La cellule de Sainte-Marie-la-Mer sud (cellule 7.1)

 

 

Le recul du trait de côte est un indicateur d’érosion (déficit sédimentaire). Ce phénomène est lié à une diversité de causes et notamment l’artificialisation des bassins versant, la réduction du débit des fleuves côtiers et la réduction de l’occurrence de crues majeures. 

 

La segmentation du trait de côte est visible sur la période la plus récente. 

 

Par ailleurs, cette étude identifie des zones d’embouchure en recul chronique. La Têt et le Tech ont dévié lors de L’Aiguat de 1940. Leurs deltas d’avant crue se démantèlent peu à peu et ce phénomène impacte le trait de côte des communes de Sainte-Marie-la-Mer et Saint-Cyprien. 

Exemple de Saint-Cyprien : 

La batterie d’épis a été installée dans les années 1980-1990, en deux phases, les trois plus au sud d’abord et ensuite un dernier épi au nord.

L’analyse de l’évolution du trait de côte dans cette cellule montre plutôt un point de pivotement au droit de l’ancien grau, en lien avec la construction des jetées portuaires. 

En limite Sud de commune, le recul du trait de côte est également lié à la migration vers le sud de l’embouchure du Tech. La position avant Aiguat 1940 était particulièrement avancée et formait un « prodelta ». Ces configurations de plage (comme à Sainte-Marie) ne peuvent « que reculer ». 

 

Exemple de Sainte-Marie-la-mer : 

La zone deltaïque d’avant crue est caractérisée par une accumulation sableuse par alimentation de l’embouchure de la Têt jusqu’en 1940.

Puis un recul naturel et progressif a lieu après la crue. Malgré ce contexte d’érosion, la station de Sainte-Marie s’est développée sur cette zone mobile.

La jetée portuaire a accentué le déficit en empêchant les sédiments provenant de la nouvelle embouchure d’alimenter le cœur de la station.

 

 

 

Cette étude apporte une plus-value temporelle mais on rappelle que le trait de côte, même étudié à une échelle pluri-décennalle, n’est pas l’unique indicateur permettant de comprendre les phénomènes érosifs. Il faut le coupler avec l’étude des stocks sableux.